Assurance-vie et date de versement de la prime.
Quelle responsabilité de l'assureur quand un client souscrit un contrat juste avant ses 70 ans et que le versement des fonds est réalisé après son anniversaire ??
Focus sur une décision récente de la Cour de Cassation...
✳️ RAPPELS, fiscalité au décès de l’assuré pour les primes versées sur un contrat d'assurance-vie "récent" (après le 13/10/1998) :
👉 Avant 70 ans, 990 I CGI : DMTG après abattement de 152.500 € par bénéficiaire pour tous les contrats souscrits.
👉 Après 70 ans, 757 B CGI : Abattement global de 30.500 € (quel que soit le nombre de contrats et de bénéficiaires/répartition au prorata des parts taxables) et, au delà, taxation des primes aux DMTG selon le lien de parenté bénéficiaire/ assuré.
✳️ LES FAITS
M. X, juste avant ses 70 ans, a :
👉 Souscrit un contrat d’assurance-vie.
👉 Désigné ses 2 petits-enfants bénéficiaires par parts égales en cas de décès.
👉 Entendu faire un versement de 150.000 € au moyen d’un chèque tiré sur une autre banque.
👉 Son chèque a été crédité avant ses 70 ans sur le compte ouvert dans la banque auprès de laquelle il a souscrit le contrat MAIS elle a tardé à transmettre les documents à l’organisme assureur qui a finalement prélevé la somme pour la porter sur le contrat APRES ses 70 ans !
M. X a donc engagé la responsabilité de la banque et de l’assureur car leur négligence lui aurait fait perdre une chance de transmettre « la prime » en franchise de DMTG. Il demande réparation de son préjudice fiscal.
✳️ DECISION (Cour de Cass. 11 Septembre 2024 – n° 22-23.014) :
La Cour considère que :
➡ M. X n’est pas recevable à agir car il ne subit pas le préjudice fiscal allégué.
➡ Pour le moment, il conserve les sommes placées ce jusqu’à son décès et seuls ses bénéficiaires seront taxés au dénouement du contrat.
➡ L’éventuel préjudice ne pourra être établi qu’au décès de l’assuré.
La Cour se positionne de manière cohérente : Pour M. X le préjudice n’était ni personnel, ni certain, ni déterminé.
Reste à savoir quelle serait l'issue d’une action en responsabilité éventuellement engagée par les bénéficiaires après le décès dès lors que, à ce jour, M. X a encore diverses pistes à exploiter pour transmettre 150.000 € à ses petits-enfants (+ ou -) en "franchise" de droits (avec dépouillement ou non etc.).
Par exemple :
➡️ Acquisition d'un bien avec les 150.000 € et donation de la nue-propriété en conservant l'usufruit (pour ne pas totalement se dépouiller)
➡️ Donation d'une partie des 150.000 € via 790 G du CGI et 790 B du CGI (120.000 € transmis en franchise de droits, mais en se dépouillant)
Etc.
💡 MORALITE :
1️⃣ De façon générale, une étude patrimoniale globale réalisée au plus tôt (avec votre notaire, CGP, avocat, expert-comptable...) permettra d'éviter les loupés fiscaux.
2️⃣ Pour les séniors, mieux vaut éviter de se réveiller au dernier moment et bien anticiper certains anniversaires : 70 ans et 71 ans, 80 ans et 81 ans, 91 ans etc. (cf. 757 B du CGI, 790 G, 669 CGI etc.)...